Une dizaine d'années après les guerres napoléoniennes et après avoir perdu complètement l'audition, Goya aigri et désabusé emménage dans une maison aux alentours de Madrid appelée la ‘Quinta del Sordo’ (la ferme des sourds). C'est là qu'il s'isole pour commencer à exprimer son désarroi en peignant à l'huile directement sur les murs de la maison.
Goya n'a jamais expliqué la création de ces peintures et ne les a pas intitulées. Depuis qu'elles ont été trouvées et qu'elles furent transférées sur toile pour les exposer au musée du Prado, des historiens ont donné à chacune des 14 peintures un nom ainsi que le nom de ‘peintures noires’ à l'ensemble de la collection. Cela a permis de pouvoir mieux les distinguer mais il est important de noter que ce n'était pas l'intention de l'artiste et que ces titres ne traduisent peut être pas ce que Goya voulait représenter. Cette collection de 14 oeuvres pessimistes ont en commun le système de couleurs utilisé par l'artiste. Presque toutes comprennent un mélange de noir et de teintes marrons le tout illuminé par un jaune ocre faible pour mettre l'accent sur certains éléments. D'autres ne respectent pas ce schéma et comprennent du bleu, du rouge et du blanc. Il y a un consensus dans la critique spécialisée pour proposer des causes psychologiques et sociales à la réalisation des Peintures noires. Parmi les premières, il y aurait eu la conscience de la déchéance physique du peintre, plus accentuée, si c’est possible, du fait de la coexistence avec une femme beaucoup plus jeune, Leocadia Weiss, et surtout les conséquences de la grave maladie de 1819, qui mit Goya dans un état de faiblesse et de proximité de la mort que reflètent le chromatisme et l’objet de ces œuvres. En tout cas, la seule unité qu’on peut constater dans ces peintures à l’huile est un style constant. La composition de ces tableaux est très novatrice. Les figures sont pour la plupart décentrées, le cas extrême étant les ‘Têtes dans un paysage’, où quatre ou cinq têtes s’agglutinent dans le coin inférieur droit du tableau, semblant comme coupées ou sur le point de sortir du cadre. Un tel déséquilibre manifeste la grande modernité de la composition. De même, les masses de figures du ‘Pèlerinage à l’ermitage de San Isidro’ sont déportées (le groupe principal y apparaît à gauche), ainsi que ‘La procession du Saint-Office’ (à la droite, en l’occurrence), voire dans ‘Le Chien’, où l’espace vide occupe la plus grande partie du format vertical du tableau, ne laissant qu’une petite partie en bas pour le talus et la tête à moitié enfoncée. De même, sont déportées dans un coin de la composition ‘Les Parques’, ‘Asmodée’, voire, à l’origine, ‘le Sabbat’, quoique ce déséquilibre fût perdu après la restauration des frères Martínez Cubells.
Plusieurs ‘Peintures noires’ de Goya sont devenues de véritables icônes à la fois dans le monde artistique et la culture contemporaine espagnole. Les ‘Peintures noires’ sont exposées au Musée du Prado à Madrid: - ‘Pèlerinage à la fontaine de San Isidro’
- ‘Saturne qui dévore son enfant’
- ‘Un vieux et un moine’
- ‘Sabbat des sorcières’
- ‘Leocadia’
- ‘Deux hommes luttant’
- ‘Le chien’
- ‘Judith et Holopherne’
- ‘Deux vieux mangeant’
- ‘Hommes lisant’
- ‘Femmes riant’
- ‘Les Parques’
- ‘Procession du Saint-Office’
- ‘Asmodée
           
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